Le syndrome Syrien

Écrit par Noor Tazka, traduit de l’anglais par Lucile Charton

­La fracture de la Terre et de l’Âme
Illustration inédite de Lou Gachet

[ Le récent[1] tremblement de terre en Turquie et en Syrie a dévasté un large territoire et a tué des dizaines de milliers de personnes. Pour les Syriens, fuir les décombres d’une catastrophe naturelle mais également près d’une décennie de guerre civile a causé un traumatisme multiple. Le syndrome du survivant et son sens de culpabilité se sont ajoutés au fardeau du deuil, de la peur et du déracinement. ]


Quand j’étais enfant, ma seule référence en termes de malédiction venait des films Disney et de leurs fins heureuses : celles où un baiser rompt le sortilège et transforme le crapaud en prince. C’est le genre de mauvais sort qui a un antidote, une fin. Je ne savais pas alors que je grandirai en subissant la plus douloureuse des malédictions : celle d’être née au Moyen-Orient, d’être Syrienne, Musulmane, Arabe.

De mes souvenirs d’enfance, je garde aussi le discours de Jim Carrey sur les rêves et les ambitions : les gens qui ont du succès sont ceux qui croient que peu importe ce que la vie leur réserve, cela arrive en leur faveur (« Life doesn’t happen to you, it happens for you. » (La vie n’est pas ce qui vous arrive, c’est ce qui arrive pour vous.), discours MUM, 2014, 21mn57). Je ne crois pas que cela puisse s’appliquer aux Syriens. Dans mon pays, la vie, la guerre, les catastrophes naturelles, nous tombent dessus et nous écrasent. Tout ce que la vie nous réserve semble uniquement démultiplier notre souffrance et nos traumatismes. Nous avons subi des atrocités sans aucun répit depuis plus d’une dizaine d’années désormais. Dans mon pays, nous sommes habitués à ne pas être considérés comme un peuple à part entière, ce qui ne fait qu’augmenter les dégâts. Nous sommes collectivement traumatisés.

Nous sommes habitués à l’odeur de la mort – car oui, la mort a une odeur, une odeur persistante.

Fuir la guerre

J’avais 18 ans quand la guerre a commencé et quand j’ai ressenti pour la première fois la culpabilité d’être une rescapée. Je me souviens encore du jour où je me suis réveillée au son d’une explosion près de chez moi. Vivre dans un quartier militaire faisait de nous une cible directe pour Daech[2] et les attaques terroristes. Nous avons découvert par la suite que l’explosion ce jour-là était en réalité l’assassinat d’un colonel de l’armée Syrienne. Les terroristes avaient piégé sa voiture, dans la rue en face de notre maison. C’était terriblement cruel. Je me rappelle être allée à l’université ce jour-là chargée de mes peurs, en m’inquiétant du fait qu’ils pourraient tuer mon père à n’importe quel moment. Mes pensées tournaient en boucle : « mon père est-il en sécurité ? », « quand viendra mon tour de mourir ? ».

Mon père était engagé dans l’armée à ce moment-là et il était menacé par Daech. Ils avaient l’intention de le tuer, lui et sa famille. Nous l’avons laissé à Alep, derrière nous, et nous avons survécu en embarquant dans un avion avec une vingtaine de martyrs morts, dont les corps avaient été abandonnés dans les bois pendant plus de dix jours. Je me souviens encore de l’odeur de ces corps et des visages des autres passagers autour de moi. Ils étaient terrifiés. Des bébés pleuraient. Je me rappelle encore les adieux douloureux avec mon père. Nous ne savions pas si nous le reverrions un jour. J’aurais vraiment souhaité que mon premier vol en avion soit moins traumatisant.

Le traumatisme du déracinement

J’aurais voulu que la malédiction s’arrête là. Mais le monde n’est pas une fable pour enfants. Une fois atterris en sécurité à Lattaquié, ma ville natale, je me suis agenouillée et j’ai embrassé le sol, sans pouvoir m’arrêter de pleurer. Mais mon soulagement fut de courte durée. J’étais esseulée : je n’avais pas d’amis, pas de communauté, j’ai été harcelée durant mes années d’université, tout en faisant face à un syndrome de stress post-traumatique.

Je me souviens de la première fois où j’ai commencé à avoir des crises d’évanouissements. Cela avait commencé dans notre maison à Alep. C’était durant l’une de ces nuits d’été, chaude et silencieuse. Mon père était de service de nuit à la caserne militaire, nous laissant seuls, ma mère, mes frères et sœurs, et moi. Nous avions été témoins de quelques rixes et émeutes au début de la guerre, mais aucune n’avait été dangereuse comme le fut cette nuit-là. Nous avions pour habitude d’ouvrir les fenêtres le soir pour laisser l’air frais entrer ; Alep est connu pour ses étés très chauds. Nous vaquions à nos occupations quand soudain, un groupe de djihadistes est sorti de nulle part en criant dans les rues « Allahu Akbar ! » (« Dieu est grand ! »), en s’approchant de notre maison avec des armes à feu. Ils tiraient en l’air. Nous n’avions jamais vu ou entendu quelque chose de la sorte auparavant. Nous avons couru pour rapidement fermer les volets en bois et la porte du balcon. Ma mère nous a immédiatement rassemblés dans la chambre parentale, la pièce la plus sûre de la maison. J’entends encore les tirs incessants qui approchaient et la voix de ma mère qui essayait de me garder éveillée. Sans sa voix, j’aurais complètement perdu connaissance ce jour-là. Elle m’a tenue serrée contre elle pendant que je pleurais sans pouvoir m’arrêter.

Cette nuit-là est passée, mais le traumatisme est resté. J’étais sur le point de perdre connaissance à chaque fois que j’entendais un tir d’arme à feu. Quand nous étions en sécurité à Lattaquié, après avoir laissé mon père sur le front, j’avais encore des difficultés à dormir, même avec de la musique douce – la seule « musique » qui résonnait en boucle dans mon esprit était le son des explosions et des tirs.

Vivre loin de mon père pendant plus de neuf ans a rendu ma vie d’adolescente encore plus difficile. Ce que j’appellerais « l’exode existentiel et régional » m’a laissée marquée à vie. Grandir entre deux villes m’avait déjà initialement occasionné un certain mal-être, j’étais à la recherche d’un sentiment d’appartenance à la communauté dans laquelle je me trouvais, mais je me suis toujours sentie exclue. Je n’étais ni de Lattaquié, ni d’Alep, mais plutôt un mélange des deux et personne ne semblait comprendre cela. Avoir dû quitter Alep et ma vie d’avant avait rendu les choses encore plus compliquées. J’étais à nouveau la « fille d’ailleurs », cette fois dans ma ville natale et sans la présence rassurante de mon père.

Les blessures secrètes
Illustration inédite de Lou Gachet

J’ai dû surmonter mon syndrome de stress post-traumatique par moi-même. La santé mentale était alors considérée comme un tabou en Syrie et ma famille n’a pas reconnu mon trouble psychiatrique. Je n’avais accès à aucune aide de santé mentale. Mon corps en a gardé la trace et cela n’a abouti à rien de bon.

Mais je n’étais pas la seule, bien sûr. Des millions de Syriens ont été déracinés. Presque tous mes amis ont émigré vers diverses parties du monde pour trouver un refuge à la guerre. Beaucoup ont émigré vers l’Allemagne et d’autres pays européens, d’autres sont partis vers des pays arabes voisins, comme l’Égypte, le Liban, la Jordanie. Ceux qui étaient en proie au désespoir ont embarqué sur un bateau qui a souvent fini au fond de la mer.

La malédiction ne s’est pas arrêtée. L’économie syrienne s’est effondrée ; les commerçants, les hommes d’affaires, les « cerveaux », avaient quitté le pays, laissant les usines et les boutiques à l’abandon. Les sanctions économiques infligées à cause de la guerre ont contribué à affaiblir le service de santé public. Quand l’épidémie de COVID-19 est survenue, une nouvelle menace s’est abattue sur la santé physique et mentale ; les hôpitaux avaient déjà été lésés et il n’y avait aucun accès à un traitement quelconque.

Tremblement de terre et réveil du traumatisme

Malgré tous ces bouleversements, j’étais assez naïve pour croire que notre malédiction avait été levée. Je pensais que nous avions eu notre juste compte de douleur et de mort pendant plus de douze ans. Je pensais que rien de pire ne pouvait arriver. Je pensais que je pourrais rêver à nouveau, arrêter de survivre et vivre, enfin.

Mais tous mes espoirs furent balayés quand j’ai été réveillée par le tremblement de terre secouant ma maison. Allongée dans mon lit, c’est d’abord le son de la pluie contre la fenêtre qui m’a réveillée. Il pleuvait des cordes et l’orage grondait. Puis, j’ai commencé à entendre la terre trembler. On aurait dit le bruit de rochers qui roulent depuis le sommet d’une montagne. Le bruit est devenu de plus en plus fort alors que le bâtiment commençait à trembler.

J’ai sauté du lit, ne pensant qu’à retrouver ma famille. J’ai réveillé mes parents et mes frères et sœurs. Nous nous sommes tous rassemblés près des piliers porteurs de la maison. En regardant les visages de ma famille, je me sentais reconnaissante cette fois car si nous devions mourir, au moins nous mourrions ensemble. Nous ne serions plus séparés comme toutes ces années durant. J’ai senti que je pouvais mourir en paix avec ma famille autour de moi, surtout mon père. Le voir se tenir debout avec nous et nous protéger m’a renvoyée au temps difficile où il avait affronté la mort durant la guerre. Nous avions dû patienter pour le contacter ; il était à la tête de l’un des plus grands hangars de munitions d’Alep quand Daech a forcé l’entrée du bâtiment en tuant les soldats qui s’y trouvait. Nous avons prié pour lui sans relâche. Je crois profondément que nos prières, ajoutées à ses bonnes actions et à son cœur courageux, l’ont sauvé. Il est revenu à la maison sain et sauf. En le voyant debout devant moi en cet instant, je me sentais en sécurité.

Lorsque le tremblement de terre devint encore plus violent, nous commençâmes à réciter les versets que les Musulmans récitent d’habitude avant de mourir. Je pensai ne jamais pouvoir survivre à un tremblement de terre aussi terrible et j’accueillis ce sentiment – j’étais avec ma famille et c’était tout ce qui importait.

Mais j’ai survécu une fois de plus. Pendant un court instant, j’aurais presque souhaité que ce ne soit pas le cas. Juste après que le tremblement de terre eut cessé, nous avons rassemblé quelques affaires et nous avons évacué le bâtiment. Mon syndrome de stress post-traumatique s’était réveillé. J’ai commencé à paniquer et à pleurer : mon esprit se trouvait à nouveau dans notre maison à Alep – celle où je ne pourrai plus jamais retourner. Le tremblement de terre a eu pour effet de me ramener à notre trajet en voiture, dans notre tentative de rejoindre l’aéroport pour survivre, avec Daech qui encerclait la zone.

Les répliques du tremblement de terre ont continué pendant un mois. Chacune avait le même effet : je revivais encore et encore le douloureux souvenir de la guerre. Je ne savais plus comment affronter la vie.

Le pire était le sentiment de culpabilité. Durant la guerre, j’étais jeune et je ne comprenais pas complètement la nature de mon ressenti. Après avoir survécu au tremblement de terre cependant, en plus de devoir revivre mon traumatisme, j’avais conscience d’expérimenter de surcroît la culpabilité du survivant. Je me posais des questions en continu. Pourquoi suis-je encore en vie ? Pourquoi des bébés sont-ils morts et moi je suis encore là ? Pourquoi ai-je encore un toit au-dessus de ma tête qui me protège, pendant que d’autres ont fini dans la rue ? Pourquoi ? Je me sentais infiniment coupable d’être encore en vie. Comment étais-je censée avancer sans me sentir honteuse d’avoir la capacité de pouvoir le faire ?

Comment suis-je supposée avancer avec l’odeur de la mort qui empli l’air autour de moi ? Comment suis-je censée dormir pendant que les rêves d’autres sont écrasés sous les décombres ? Comment puis-je me sentir en sécurité dans ma maison pendant que d’autres ne le sont pas, jetés à la rue ou forcés de dormir dans des abris glacés ?

Comment pouvons-nous briser cette malédiction ? Cela ne cessera-t-il jamais ? La Syrie connaîtra-t-elle jamais ce que veut dire « sécurité » ? Serons-nous capables de trouver un foyer, loin des catastrophes, de la guerre, de toute brutalité ?

Le Syndrome du survivant
Illustration inédite de Lou Gachet

Espoir collectif

Je ne connais pas la réponse à tout cela, mais je sais qu’être née en Syrie, c’est être née dans un traumatisme collectif qui perdurera aussi longtemps qu’on s’y accrochera. Rien de ce que nous traversons ne peut être qualifié de normal. Depuis la guerre, l’inflation, la pandémie, en passant par un tremblement de terre mortel, la culpabilité du survivant est devenue l’ombre de chaque Syrien, qu’il fasse partie de la diaspora où qu’il soit resté en Syrie. Soit nous mourons, soit nous sommes hantés par les morts.

Quand bien même cela puisse être la situation de chaque Syrien, je sais aussi que l’amour pour la vie et pour notre terre natale ne pourra jamais être éradiqué. Compassion, générosité, patience, résilience et ambition persisteront toujours.

En tant que survivante pleine de culpabilité, activiste sociale et citoyenne Syrienne, je continuerai à vivre, utilisant ma voix pour parler au nom de tous les Syriens. La malédiction ne cessera peut-être jamais, mais nous trouverons des moyens de la surmonter, de rêver, de reconstruire, d’espérer, d’aimer, encore et toujours. Nous trouverons des façons de transformer cette malédiction et cette souffrance en une source de sagesse.

L’odeur de la mort a sans nul doute été entêtante ces douze dernières années mais je sais que l’amour des Syriens ayant survécu après le tremblement de terre est plus fort que n’importe quelle douleur. Les roses fleurissent dans les parcs et dans les jardins des maisons syriennes, annonçant l’arrivée du printemps ; voilà ce qui emplit l’air désormais – l’odeur de nouveaux commencements, l’odeur de l’amour. Nous ne savons peut-être pas ce que la vie nous réserve, ce que nous savons en revanche c’est que l’amour peut finir par guérir toutes les plaies et briser toutes les malédictions.


[1] Le 6 février 2023, Note de la traductrice.

[2] Acronyme de al-Dawla al-islâmiyya fi al-irâq wa al-sham, soit littéralement l’État islamique en Irak et au Sham. Source : Mathieu Guidère, Daech en Syrie : origines et développement, Les Cahiers de l’Orient, Cairn. https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2016-2-page-47.htm

Source et version originale en anglais disponible ici : Revue numérique Eurozine https://www.eurozine.com/syrian-syndrome/, publié le 19 avril 2023.

Toutes les illustrations sont inédites, tous droits réservés à Lou Gachet.

Extraits de « L’Incroyable histoire du vin – De la préhistoire à nos jours, 10 000 ans d’aventure », traduits du français vers le chinois

Voici quelques pages d’une bande-dessinée écrite par Benoist Simmat et illustrée par Daniel Casanave, L’Incroyable histoire du vin – De la préhistoire à nos jours, 10 000 ans d’aventure, que trois de nos talentueuses sinophones ont traduites – j’ai nommé Kelly Zhou, Yuwei Nan et Yu Jiang ! Sortie en 2018 aux éditions Les Arènes, l’œuvre relate la naissance de l’art viticole et toutes les avancées qui ont jalonné son existence. Accompagné·e·s de Bacchus, l’œnologue spécialiste, découvrons tout ce qu’il y a à savoir sur la genèse du vin !

L’Incroyable histoire du vin – De la préhistoire à nos jours, 10 000 ans d’aventure

Au commencement

« Nous allons commencer notre voyage dans l’histoire millénaire du vin à l’endroit où il est né ! Au nord du Croissant Fertile, situé entre Caucase et Mésopotamie, berceau des toutes premières civilisations. »

Alors voilà comment tout a commencé, du moins selon le récit de l’un des plus célèbres livres de l’humanité : la Bible.

« Selon ce texte sacré, le père du vin, ce n’est pas moi, Bacchus, c’est le patriarche Noé ! »

Dans la Genèse, le prophète Noé est qualifié de cultivateur dès sa sortie de l’Arche, or la première plante qu’il cultive, c’est la vigne.

  • « Voilà, il n’y a plus qu’à attendre la fin de l’été.
  • Pourquoi la fin de l’été ?
  • C’est Dieu qui me l’a dit ! »

La Bible en fait le pionnier de la vinification.

« Apportez-en encore ! »

Et donc l’ancêtre des amateurs de vin …

« Huum … excellent ce -6356 av. J.C ! »

Il est également le premier homme à s’enivrer, épisode totalement freudien de l’Ancien Testament où le patriarche se prend une cuite carabinée.

  • « Il est tout bizarre, papa. Regarde, il est tout nu !
  • Je ne veux pas voir ça …
  • Ne riez pas ! L’ivresse est intimement liée à l’histoire du vin, et donc à la relation de l’homme avec le sacré.
  • Voici comment les choses se sont passées. »

Il y a près de 12 000 ans, tout au début du néolithique, par une belle journée de fin d’été, une famille protohistorique récolte de beaux raisins sauvages.

  • *Huum … Bons, ces baies
  • **Après un bon steak d’aurochs, ça fait digérer.

Pour les stocker, elle a appris à faire des poteries solides.

Et comme le raisin est l’un des fruits qui entrent en fermentation le plus naturellement, on peut penser que les hommes du Néolithique connaissaient le jus de raisin fermenté.

  • *C’est à cette heure-ci que toi rentrer ?
  • **Retrouver pot perdu ! Regarde bons fruits, on dirait eux cuits !

Cette poterie encore bancale est l’ancêtre de tous les contenants qui vont donner naissance, dix millénaires plus tard, à la célèbre bouteille de vin. Mais nous n’en sommes pas encore là …

  • *Fiston, j’ai goûté le breuvage, c’est bon !
  • **Tu n’es pas mort ? Je vais essayer, moi aussi …
  • Personne n’a jamais retrouvé de traces de ces premiers jus de raisin fermentés : dix ou douze millénaires, c’est beaucoup.
  • *Femme ! Maintenant, je fais bon breuvage moi-même avec bons fruits.
  • **Et qui c’est qui va faire la vaisselle ?
  • « On ne cesse de reculer la date des premières traces de vinification organisée au cœur des civilisations les plus anciennes.
  • J’en ai trouvé une !
  • C’est le Côte-du-Rhône d’hier soir, abruti ! »

Un des grands spécialistes mondiaux de la préhistoires du vin est… un américain : Patrick McGovern. C’est grâce à ses travaux qu’on a pu remonter de plus en plus loin dans l’histoire antique pour dater les premières traces de vinification.

« On soumet ces tessons très anciens à une analyse moléculaire, notamment pour analyser les restes de dépôts rougeâtres retrouvés à l’intérieur, qui sont souvent des résidus de raison mêlés de résine. »

Les plus anciennes traces archéologiques de vinification ont été retrouvées dans le Croissant Fertile, et plus largement dans tout le Moyen-Orient et le Caucase. Selon McGovern, c’est vraisemblablement en Anatolie que la vigne a été domestiquée pour la première fois il n’y a pas moins de dix millénaires !

« Saviez-vous que le mot vin, « vinum » en latin, provient à l’origine du grec « woinos », terme qui serait lui même issu de la racine indo-européenne « wyn », grâce à laquelle plusieurs langues antiques désignent le vin (comme « yayin » en hébreu). Le groupe de langues indo-européennes auquel appartient cette racine est né… en Anatolie. »

« L’Ancien Testament situe d’ailleurs le débarquement de l’Arche de Noé sur les flancs du mont Ararat, c’est-à-dire à la frontière de l’est de la Turquie et de l’Arménie actuelles. »

Comme nous allons le voir, l’histoire du vin se confond tout simplement avec celles des premières grandes civilisations.

  • « Pendant la très haute Antiquité, nos ancêtres de la région ont appris à domestiquer la vigne sauvage, « vitis silvestris« .
  • Cette vigne pousse encore aujourd’hui un peu partout où on a appris à faire du vin voilà plusieurs millénaires ! »

À l’origine, la vigne est une liane particulièrement résistante capable de pousser naturellement un peu partout sur la planète.

Les scientifiques ont nommé l’espèce domestiquée au Proche-Orient Vitis Vinefera. C’est la vigne actuelle !

  • « Mais pourquoi t’as aligné ça comme ça ?
  • La perspective est plus jolie, non ? »
  • C’est cette deuxième espèce domestiquée qui a conquis le monde et a donné le vin tel que nous le célébrons aujourd’hui.
  • Santé !

Alors, vous sentez-vous ivres de connaissances, désormais ? Si c’est le cas et que vous souhaitez en apprendre plus sur cette BD, rendez-vous sur le site de la maison d’édition Les Arènes : https://arenes.fr/livre/lincroyable-histoire-du-vin-2/

Tenemos tiempo – Texte de Diego Sánchez-Cascado

Illustration originale de Noémie Carré–Poussin – Tous droits réservés

No podía dormir. Todo daba vueltas en su interior, centrifugando sus miedos, sus errores, sus responsabilidades. ¿Cuánto tiempo llevaba así? Quién sabe. Quizás algún ser ulterior tuviera la respuesta, quizás si alguno quedara, quizás si alguno hubiera, alguna vez, existido. Aguardaba sentado, con las manos en el suelo a que llegará la noche. La oscuridad del día, densa, prominente, no hacía más que alimentar sus demonios internos que le devoraban lentamente, pizquita a pizquita, cachito a cachito como el niño que roe la miga del pan con la esperanza de que su madre no lo aprecie. Pensó en aliarse con esos diablos que seguro tenían una parte amistosa y así poder lidiar con el día. Pensó tantas cosas y a cada cual más descabellada, pero lo hubiera dado todo por un rato de silencio, por un momento de descanso, por hibernar la mente. Cuando el sol parecía ocultarse tras los enormes edificios, algunas luces se encendían dibujando figuras penosas en esas fachadas más altas y anchas que cualquier otro elemento del paraje. A Javi le gustaba interpretar esas figuras, dibujaba personas en actividades tan utópicas como el pasear, el jugar o el perder el tiempo. Le gustaba crearlas porque parecía que así se evadía levemente de la realidad, porque parecía que podía alcanzar su objetivo. En el interior de esas luces se podía observar a autómatas vistiéndose, preparándose para aguantar con aparente estoicidad, el día. El trabajo. El trabajo era lo único que no había cambiado. A veces intentaba recordar el pasado, y en momentos de extrema lucidez, aparecían borrosas ciertas imágenes de su familia, de sus amigos. Sonaba distorsionado el agua avanzando impetuosamente por todos los obstáculos que la naturaleza le ponía, como si fuera un juego entre los dos, como si esas rocas, esos palos, esos cambios de relieve fueran pruebas de una gymkhana. Cuando se esforzaba mucho, tanto que al finalizar casi se desvanecía, podía verse tumbado sobre el césped, respirando la paz, escuchando la nada, sintiendo los rayos acariciando su piel.

La luna apareció en el cielo gritando, haciendo el máximo ruido por si quedara algún rezagado aún en la cama. La luna no podía permitirse dejar a nadie durmiendo, si no, no estaría cumpliendo su trabajo y ya se lo habían advertido en el momento de la firma del contrato, “esto tendría repercusiones muy graves, y no queremos nadie que pase nada malo, ¿verdad?”. No, Javi tampoco quería que pasara nada malo. A su lado despertó Sandra, cansada, apática, sintiendo lo mismo que Javi (al menos algo similar), pero resignándose, aceptando con pena, pero aceptando la vida que le había tocado. Y en muchas ocasiones se enfadaba con Javi, decía que con esas ideas no iba a llegar a ningún lado. “No pido tanto, de verdad, solo quiero que todo sea como antes, como antes de –se le entrecortaron las palabras y la voz parecía enmudecer- de todo aquello”. Por su mente corrieron imágenes claras, nítidas, límpidas y una frase retumbó en su cerebro, aunque él juraría que también temblaron el suelo y las paredes (a pesar de los dobles refuerzos tanto en los cimientos como en los pilares maestros, diseñados por el galardonado profesor Martínez, ingeniero contra los efectos y defectos terrenales. Investigador incansable involucrado en proyectos de calado internacional como la devolución de la lava al interior de la corteza terrestre por medio de un túnel hasta el centro de la tierra inspirado en los textos de Verne o la purificadora de CO2, que elimina los gases de dióxido de carbono mientras reconstruyen y fortalecen la capa de Ozono). “Tenemos tiempo, pero tenemos que actuar, es una situación de emergencia, pero aún podemos revertirla”.

El concentrado de café de tan caliente expulsaba un humo denso que inundaba los 15 metros cuadrados en los que vivían, y al chocar contra el frío exterior cubría las paredes con diminutas gotas de vapor de agua que caían irremediablemente hasta el suelo ante la mirada abúlica de ambos. Salieron de casa y se separaron en el lugar de siempre, como si siempre fuese el mismo día eternamente. Pero hoy Javi tenía una actitud distinta como si esas palabras no solo hubieran retumbado en su cerebro, si no, también en su corazón. Mientras caminaba escuchaba “Aún tenemos tiempo”, pero esas palabras no las gritaban los altavoces de la calle que recriminaban a aquellas personas que caminaban más lento, que pisaban fuera de la baldosa que les correspondía, que dejaba pasar un autobús como si ese retraso pudiera aplicarse a la vida misma. No, esas palabras venían de lo más profundo de su mente. No recordaba tener un recuerdo tan vívido, tan tangible. Cada vez que escuchaba esas palabras apretaba aún más los puños, clavándose las uñas en la piel, sangrando rabia.

Dieciséis horas después (tantas horas de trabajo era debido, según justificaban, a que no era saludable respirar el aire de la calle, por ello, por la salud de los ciudadanos, se imponía esta medida) Javi se encontró con Sandra en el mismo lugar de siempre. El mismo saludo casi afectuoso de siempre, las mismas palabras casi emotivas de siempre. En el ascensor, de camino al piso 47 en el que vivían, Javi volvió a escuchar esas palabras. Lo tenía claro, ahora sí, sabía que tenía que actuar. Recordó unas palabras de su madre hace muchísimo tiempo; le dijo que existía un lugar donde todo es distinto, un lugar que algunos exploradores habían situado entre lo fáctico y los sueños. Le costó recordar el nombre, era una palabra totalmente en desuso. Terminó encontrando el vocablo. “Libertad, sí, eso es, Libertad” –se dijo-.

“Aún tenemos tiempo” volvió a escuchar y parecía que esta vez era Sandra quien pronunciaba estas palabras. “Qué va, amor, ya no hay tiempo” –y, esta vez sí, sonó totalmente emotivo-. “Voy a buscar la Libertad” –le dio tiempo a decir mientras caía desde el piso 47, de la parte superior del primer tercio del edificio-. Una lágrima se precipitó también al vacío desde los ojos apagados de Sandra, como esas gotas que resbalaban irremediablemente por la pared grisácea, cayendo poco después sobre el cuerpo de Javier que parecía había encontrado ya la felicidad.

Création inédite de Diego Sánchez-Cascado

On a le temps – Traduction vers le français de Javier Herrero González

Il n’arrivait pas à dormir. Tout tournait autour de lui, centrifugeant ses peurs, ses erreurs, ses responsabilités. Depuis combien de temps cela durait ? Qui sait. Peut-être qu’un individu externe avait la réponse, si jamais il en restait, peut-être, s’ils avaient existé un jour. Il attendait assis, les mains sur le sol, que la nuit arrive. L’obscurité de la journée, dense, proéminente, ne faisait que nourrir les démons intérieurs qui le dévoraient lentement, petit à petit, bout par bout, comme le gamin qui ronge la mie du pain en espérant que sa mère ne s’en rende pas compte. Il pensa à s’allier à ces démons – qui avaient sûrement un côté gentil – afin de pouvoir ainsi faire face au quotidien. Il pensa tellement de choses, les unes plus folles que les autres, mais il aurait tout donné pour un moment de silence, pour un moment de repos, pour mettre son esprit en mode veille. Lorsque le soleil semblait se cacher derrière les énormes bâtiments, quelques lumières s’allumaient et dessinaient de tristes silhouettes sur ces façades plus hautes et larges que n’importe quel autre élément de cet endroit. Javi aimait interpréter ces silhouettes, il dessinait des personnes faisant des activités utopiques telles que se promener, jouer ou perdre son temps. Il aimait les créer, car cela lui donnait l’impression de s’évader légèrement de la réalité, parce qu’il avait l’impression qu’il pouvait atteindre son but. À l’intérieur de ces lumières, on pouvait apercevoir des automates qui s’habillaient, qui se préparaient – en apparence – à affronter la journée de manière stoïque. Le travail. Seul le travail n’avait pas changé. Parfois, il essayait de se souvenir du passé et, dans des moments de lucidité extrême, surgissaient certaines images floues de sa famille et de ses amis. On entendait le son déformé de l’eau qui avançait impétueusement, passant au-dessus des obstacles que la nature lui tendait, comme s’il s’agissait d’un jeu entre les deux, comme si ces pierres, ces branches, ces changements de relief, étaient les épreuves d’une chasse au trésor. Quand il faisait un grand effort, si grand qu’il finissait presque par s’évanouir, il pouvait se voir allongé sur l’herbe, respirant la paix, écoutant le néant, sentant les rayons du soleil effleurer sa peau.

La lune apparut dans le ciel en criant, faisant un maximum de bruit au cas où quelqu’un serait encore resté au lit. La lune ne pouvait pas se permettre de laisser dormir qui que ce soit, car elle serait alors défaillante dans son travail et on l’avait déjà prévenue à la signature de son contrat : « cela aurait de très graves conséquences et nous ne voulons pas cela, n’est-ce pas ? » Non, Javi ne voulait pas non plus que quelque chose de grave arrive. Sandra se réveilla à côté de lui, fatiguée, apathique, elle ressentait la même chose que Javi (ou du moins quelque chose de similaire), mais elle se résignait, elle acceptait cette vie, tristement, mais elle l’acceptait. Elle s’énervait contre Javi à de nombreuses occasions, elle lui disait que ses idées ne le mèneraient nulle part. « Je ne demande pas grand-chose, vraiment, je veux seulement que tout soit comme avant, comme avant… – les mots lui échappaient – avant tout ça. »
Dans sa tête défilèrent des images claires, nettes, et une phrase vibra dans son cerveau, même s’il pouvait jurer que le sol et les murs vibraient aussi (malgré les doubles renforcements des fondations et du pilier central, conçus par le célèbre professeur Martínez, un ingénieur primé contre les effets et les défauts des terrains, un chercheur acharné impliqué dans des projets internationaux, tels que le retour de la lave à l’intérieur de la croûte terrestre au travers d’un tunnel jusqu’au centre de la terre, inspiré par les textes de Jules Verne ; ou le purificateur de CO2 qui élimine le dioxyde de carbone en attendant qu’ils reconstruisent et renforcent la couche d’ozone) : « On a le temps, mais on doit agir, c’est une situation d’urgence, mais on peut encore inverser la tendance ».

Le concentré de café chaud expulsait une fumée épaisse qui envahissait les 15 mètres carrés dans lesquels ils habitaient et, au contact du froid extérieur, cela recouvrait les murs de minuscules gouttes de vapeur qui tombaient inévitablement sur le sol, sous le regard apathique du couple. Ils sortirent de leur logement et se séparèrent là où ils l’avaient toujours fait, comme si toujours était éternellement le même jour. Mais, aujourd’hui, Javi avait une attitude différente, comme si ces mots ne retentissaient pas seulement dans son cerveau, mais aussi dans son cœur. En marchant, il entendait « on a encore le temps », mais ces mots ne venaient pas des hauts-parleurs dans la rue qui reprochaient à certaines personnes de marcher lentement, de marcher en dehors du carreau qui leur correspondait, de laisser passer un bus, comme si ce retard pouvait s’appliquer à la vie même. Non, ces mots venaient du plus profond de son cerveau. Il ne se rappelait pas avoir un souvenir si vif, si tangible. Chaque fois qu’il entendait ces mots il serrait encore plus les poings, se plantant les ongles dans la peau jusqu’à la faire saigner.

Seize heures plus tard (il travaillait aussi longtemps parce que, soit disant, ce n’était pas bon pour la santé de respirer l’air de la rue), Javi rencontra Sandra à l’endroit habituel. Ils se dire bonjour de façon affectueuse, comme d’habitude, les mêmes mots presque touchants, comme d’habitude. Dans l’ascenseur, en montant jusqu’au 47ème étage, là où ils habitaient, Javi entendit à nouveau ces mots. C’était clair, là il savait que le temps était venu d’agir. Il se souvint des mots prononcés par sa mère il y a très longtemps ; elle lui avait dit qu’il y avait un endroit où tout était différent, un endroit que certains explorateurs avaient situé entre le factuel et les rêves. Il avait du mal à se souvenir du nom, c’était un mot que plus personne n’utilisait. Il finit par le trouver : « Liberté, c’est ça, liberté » – se dit-il.

« On a encore le temps » entendit-il à nouveau et, cette fois-ci, on aurait dit que c’était Sandra qui prononçait ces mots. « Pas du tout, mon amour, on n’a plus le temps » – et, cette fois, c’était vraiment touchant. « Je pars à la recherche de la liberté » – eut-il le temps de dire pendant qu’il tombait du 47ème étage, de la partie supérieure du premier tiers de l’immeuble. Une larme tomba aussi dans le vide depuis les yeux éteints de Sandra – comme ces gouttes qui glissaient irrémédiablement sur le mur grisâtre – tombant peu après sur le corps de Javier, qui semblait déjà avoir trouvé le bonheur.

Words on a shampoo bottle – Poème de Daniel Gutkind

Création originale de Lou Gachet, tous droits réservés
The time will come when this is done
And current woes behind us.
These pains and sores shall hurt no more
Though memories remind us

The sun will rise as will our eyes
And as the day revives us
We'll talk and eat and brush our teeth
And know that we survived this.

Mots sur une bouteille de shampooing – Traduction vers le français de Léna Thiébaut

L’heure sera à une aube saine,
Bien loin des malheurs et des peines.
Dissipées, douleurs et souffrances !
Les souvenirs sont résurgences.
 
Que se dressent le Soleil, nos yeux ;
Le jour nous insuffle son feu.
Parlons, mangeons, brossons nos dents ;
De cette ère, soyons survivants.

Des mots sur une bouteille de shampoing – Traduction vers le français de Cathy Roudier

Sous peu le jour se lèvera
Et la tristesse qui teinte notre quotidien se dissipera.
Les douleurs du corps et de l'âme tomberont dans l'oubli
Mais leur fantôme s'attardera.

Un rayon de soleil percera et nos paupières soulèvera,
Avec délicatesse il nous réveillera.
Alors, on parlera, on mangera, on se lavera les dents,
Et on réalisera qu'on a survécu à tout ça.

El pasado que vuelve a pasar – Texte de Ricardo Zárate Padilla

Illustration originale de Noémie Carré–Poussin – Tous droits réservés

No había reparado en que los árboles frente a mi ventana ya no visten de invierno. Señal de que poco me fijo en el exterior al levantarme, que no aprecio la vista despejada que tengo desde el salón. Lo que es habitual se vuelve invisible, está pero no está. Esa catedral está muy lejos para que yo la pueda ver, y el atuendo de reciente primavera de los árboles me la ha ocultado, borrado del paisaje. Misma ciudad en distintos domicilios. No sé cuánto tiempo me queda aquí, en este piso y en estas paredes ya acostumbradas a mi presencia. El apartamento que se salvó de la venta al serme rentado. Apartamento de ensueño, antiguo, ya desgastado por las décadas y sus muertos pasados. Éste se ha vuelto el verdadero hogar, recinto temporal para mis días, porque no tengo la vida ni el futuro comprados, como tampoco los papeles que me permitan vivir donde queramos, incluso en la calle, como persona sin domicilio fijo, eterno errante. Es lo que soy, nada es mío, así que soy un vagabundo con domicilio fijo, pero temporal. ¿Hasta cuándo?

Día que se ha ido igual de pronto. Día que ya no importa si es domingo. Que retroceda el tiempo a quien le importe en qué día vivimos. Confinamiento para los seductores del eufemismo, todo con tal de no llamarle prisión preventiva. Yo soy el prisionero, desde hace mucho tiempo. Me forjé una prisión en mi propio apartamento, de la que yo soy el carcelero y de la que solo me permito salir cuando la comida se acaba, cuando hay que ir al trabajo y a las innecesarias y agobiantes clases en la universidad. Todo por un diploma que diga al mundo que merezco un mejor salario porque terminé los estudios. Un alumno ya graduado, con el título que no le ha enseñado nada, importante sólo por lo que muestra. Graduado de una universidad cualquiera en Francia, carrera fácil, carrera que no da trabajo en ninguna parte. Aquí, donde todo se trata de trabajar, es eso lo más importante. Como si uno no pudiera decir estudio para no trabajar, mis estudios no dan trabajo, no soy una pieza útil en el gran ajedrez del mundo. Yo solo quiero escribir y leer, y cuando lo digo piensan —sin falta de prejuicios— en alguna profesión de escritorio, con un jefe de nueve a seis. Quiero ser el artista que vive fuera del mercado laboral. Quiero contar historias y que estas tengan millones de lectores. Ambición desmedida, lo sé, pero son solo sueños pintados, coloreados en los cuadernos de mi infancia. Y con lo malo que soy dibujando. 

—Saquen todos su cuaderno de dibujo y sus colores, tienen una hora para dibujar sus sueños —dijo la profesora inmemorial de todas las infancias. 

Y yo me quedé viendo la página en blanco, pensando que no tenía sueños.

—Dibuja lo que quieres ser de grande —insistió. 

Y otra vez mi mirada perdida en el infinito blanco de la página de mi cuaderno con todas las hojas vacías. «No quiero ser nada», pensé «¿Cómo dibujar la nada?». Tomé el color blanco y dibujé todos esos sueños que no recordaba. Empecé con los contornos y después coloreé el centro. Hice un autorretrato de ti mismo, invisible. 

Yo solo quería ser grande para saber qué iba a pasar cuando lo fuese. Dejar que el azar condujera mi camino, que nada me han dado a elegir. No elegí nacer, y aquí estoy. No elegí esta familia, tampoco esta ciudad. ¿Por qué a tan corta edad tenía que saber lo que quiero ser cuando crezca? Sabía más bien lo que no quería ser. No quería estar muy triste, sólo a veces, cuando los malos tiempos lo requirieran. No quería tampoco ser feliz, porque la felicidad ciega, y a mí siempre me ha gustado ver en la oscuridad. 

¿De qué iba a servir que me dibujara con treinta años más, la barba espesa, unos kilos de más, ni muy alto ni muy bajo, vistiendo la bata blanca inmaculada de doctor? «Quiero ser médico», solo por decir algo, para caer en el juego de todos los demás. Un quiero ser presidente aquí, un policía por allá, un bailarín, un cantante, un bombero y un militar. La sociedad naciente entre niños menores de diez años. Pero ¿cómo pensar en un futuro a esa edad? No nos habíamos dado cuenta de nada, vivíamos engañados. Qué niño tan pesimista fui. Qué bajo hombre sin atributos me he convertido. Ni soy doctor, ni tengo barba, pero sí soy de una estatura promedio. El más alto de mi familia, pero el más bajo entre las demás. 

De haber sabido que muchos años más tarde iba a querer ser escritor. Qué tarde me vino la idea, después de no escasos libros leídos. Me pregunto si de verdad ese es mi sueño o si es que la literatura ha tomado la decisión por mí: un letraherido. Acaso lo es por mor de la inconformidad con todas las demás profesiones. Romantizar el oficio del escritor: sin oficina, sin jefes y con muchos lectores y críticos empedernidos en vanagloriar o menospreciar cualquier forma de expresión cultural del ser humano. Yo no sirvo para ser crítico, a veces lo muy malo me parece bueno y lo muy bueno me parece malo. Carezco de ese ojo avizor, de esa inteligencia sobrehumana capaz de emitir un juicio imparcial sobre la creación de un escritor. Yo estoy más bien del otro lado, de la trinchera de los escritores sin oficio, del lado del escritorio, la máquina de escribir o el ordenador, y la página en blanco. Del lado de quien ve una historia entre las sombras de un recuerdo, entre las piezas de un corazón desarmado, indefenso, roto. El escritor que con la mente vacía se sienta y comienza a pulsar teclas a ver qué música sale de ellas. Atento escucha de la palabra suena bien y la que no. Y así, dejarse llevar por la melodía lenta de lo que comienza a tomar forma, ir cada vez más rápido hasta llegar al allegro. Alegría es lo que llega cuando por fin todo empieza a tomar forma, cuando de la nada nace algo inesperado. Hacer que las letras den vida a unos personajes con los anhelos, los problemas y las obsesiones del que escribe. Y de esta manera poder vivir las vidas que no pudimos vivir y llegar a ser quien no pudimos ser. La creación y la soledad como compañía. El silencio de los días que nos colmó de canciones de cuna del recuerdo. Los ayeres que marcaron nuestra infancia, el pasado que vuelve a pasar.

Création inédite de Ricardo Zárate Padilla

Le passé qui recommence – Traduction vers le français de Yara Pilartz et Clémence Post

Je n’avais pas remarqué que les arbres devant ma fenêtre n’avaient plus leur allure d’hiver. Preuve que je prête peu attention à l’extérieur lorsque je me lève, que je ne profite pas de la vue dégagée que j’ai depuis le salon. Les choses auxquelles on est habitués finissent par devenir invisibles, elles sont là sans être là…

Cette cathédrale est trop loin pour que je puisse la voir, et la nouvelle parure printanière des arbres me l’avait cachée, comme effacée du paysage. Une même ville depuis des domiciles différents. Je ne sais pas combien de temps il me reste ici, dans cet appartement et entre ces murs déjà habitués à ma présence. Cet appartement qui s’est sauvé de la vente en m’étant loué. Un appartement de rêve, ancien, usé par les décennies et par ses morts, devenu un véritable foyer, l’enclos temporaire de mes journées, car ni ma vie ni mon futur ne sont garantis, pas plus que les papiers qui me permettent de vivre où je veux, pas même dans la rue, comme une personne sans domicile fixe, un éternel errant. C’est ce que je suis ; rien ne m’appartient, je suis donc un vagabond avec domicile fixe, mais temporaire. Jusqu’à quand ?

Un jour qui se termine sans que je m’en aperçoive. Un jour qui pourrait tout aussi bien être un dimanche. Que le temps recule pour ceux qui se préoccupent de savoir quel jour on est ! Confinement pour les amants d’euphémisme, tout ça pour ne pas dire prison préventive. Moi, je suis prisonnier, depuis longtemps. Je me suis fabriqué une prison dans mon propre appartement, une prison dont je suis le geôlier et dont je ne me permets de sortir que quand le repas est terminé, quand il faut aller travailler ou assister aux étouffants et inutiles cours de l’université. Le tout pour un diplôme qui raconte au monde que je mérite un meilleur salaire parce que j’ai terminé des études. Un étudiant enfin diplômé, dont la formation ne lui a rien appris, qui n’a d’importance que pour ce qu’elle atteste. Diplômé d’une université quelconque en France, d’un cursus facile, un cursus qui ne débouche sur aucun travail. Ici, où il est tout le temps question de travail, c’est le plus important. Comme si on ne pouvait pas dire « j’étudie pour ne pas travailler, mes études ne donnent pas de travail, je ne suis pas une pièce utile dans le grand échiquier du monde ». Moi je veux juste écrire et lire, et quand je le dis, on imagine – non sans préjugé – un métier de bureau, avec un patron de 9h à 18h. Mais je veux être l’artiste qui vit en dehors du marché du travail. Je veux raconter des histoires et qu’elles aient des millions de lecteurs. Ambition démesurée, je sais, mais ce ne sont rien d’autre que des rêves peints, coloriés dans les cahiers de mon enfance. Et avec le peu de talent que j’ai…

— Sortez tous vos cahiers de dessin et vos crayons de couleur, vous avez une heure pour dessiner vos rêves — a dit la maîtresse immémoriale de toutes les enfances.

Et moi je suis resté à regarder la page blanche, en pensant que je n’avais pas de rêves.

— Dessine ce que tu voudrais être plus tard — a-t-elle insisté. 

Et une fois de plus mon regard perdu dans le blanc infini de mon cahier et toutes ses pages vides. « Je n’ai rien envie d’être », j’ai pensé « comment dessiner le rien ? ». J’ai pris mon crayon blanc et j’ai dessiné tous ces rêves dont je ne me rappelais pas. J’ai commencé par les contours et ensuite j’ai colorié l’intérieur. J’ai fait un autoportrait invisible.

Je voulais devenir grand seulement pour savoir ce qu’il allait se passer une fois que je le serai. Laisser le hasard dessiner mon chemin, puisqu’on ne m’a rien laissé choisir. Je n’ai pas choisi de naître, et me voilà. Je n’ai pas choisi cette famille, ni cette ville. Pourquoi fallait-il savoir à un si jeune âge qui je voulais être quand je serais plus grand ? Je savais plutôt ce que je ne voulais pas être. Je ne voulais pas être trop triste, seulement de temps en temps, quand les mauvais jours le demanderaient. Je ne voulais pas non plus être heureux, car le bonheur aveugle, et moi j’ai toujours aimé voir dans l’obscurité.

À quoi allait-il servir que je me dessine trente ans plus vieux, une barbe épaisse, quelques kilos en plus, ni trop grand ni trop petit, portant une blouse blanche immaculée de docteur ? « Je veux être médecin », seulement pour répondre quelque chose, pour jouer le jeu de tous les autres. L’un veut être président, l’autre policier, celle-ci ballerine, celui-là chanteur, ici un pompier et là-bas un militaire. La société naissante parmi des enfants de moins de dix ans. Mais comment penser au futur à cet âge ? Nous ne nous étions rendu compte de rien, nous vivions naïfs. Quel enfant pessimiste ai-je été. Quel petit homme sans attributs suis-je devenu. Je ne suis pas docteur, je n’ai pas non plus de barbe mais je suis bien de taille moyenne. Le plus grand de ma famille, mais le plus petit parmi les autres. 

Si j’avais su que bien des années plus tard j’allais vouloir être écrivain. L’idée m’est venue si tard, après de nombreuses lectures. Je me demande si c’est vraiment mon rêve ou si c’est la littérature qui a fait ce choix pour moi : un mordu de lettres. Peut-être que ça l’est, par amour pour sa non-conformité avec toutes les autres professions. Romantiser le métier d’écrivain : sans bureau, sans patron et avec de nombreux lecteurs et critiques endurcis par la glorification ou la dépréciation de toute forme d’expression culturelle de l’être humain. Je ne suis pas doué pour la critique, parfois le très mauvais me semble bon et le très bon me semble mauvais. Il me manque cet œil attentif, cette intelligence surhumaine capable d’émettre un jugement impartial sur la création d’un écrivain. Je suis plutôt de l’autre côté, dans la tranchée des écrivains sans métier, du côté du bureau, de la machine à écrire ou de l’ordinateur, et de la page blanche. Du côté de ceux qui voient une histoire entre les ombres d’un souvenir, entre les pièces d’un cœur démonté, sans défense, brisé. L’écrivain qui, l’esprit libre, s’assoit et commence à appuyer sur des touches, pour voir quelle musique en sortira. Écoute attentive du mot qui sonne juste ou non. Et ainsi, se laisser porter par la lente mélodie de ce qui commence à prendre forme, aller toujours plus vite jusqu’à l’allegro. La joie c’est ce qui arrive quand enfin tout commence à prendre forme, quand quelque chose d’inespéré naît de rien. Faire que les lettres donnent vie à des personnages dotés des désirs, des soucis et des obsessions de celui qui écrit. Et de cette manière pouvoir vivre les vies que nous n’avons pas pu vivre et parvenir à être ceux que nous n’avons pas pu être. La création et la solitude comme compagnes. Le silence des jours qui nous emplissent des souvenirs de berceuses qu’on nous chantait. Les hiers qui ont marqué notre enfance, le passé qui recommence. 

Nostalgia de las olas – Poème de Karina González García

Illustration originale de Noémie Carré–Poussin, tous droits réservés
Futuro noble y sin rostro.
Ráfaga de viento sin palabras.
Refugio eterno de las olas que no terminan.
Mirada cansada hacia el mar.
Entre lo no nacido 
y lo no vivo: nosotros.
Entre el suelo y el cielo: yo.
Soy ese instante no vivido y esperado.
Momento incierto pero sabido.
Soy lo no explicado,
el deseo del porvenir sin forma.
¿Pero que acaso no lo esperamos todos?
¿Cuándo explotarán nuestras olas contra las rocas?
¿Cuándo parará nuestro incesante sentimiento
de desasosiego y de no pertenencia?
Somos extranjeros de la vida y del tiempo:
somos del norte y del sur,
de lo extraño e inhabitado.
Nacimos del mundo con cada elemento: 
llegamos con el sol en los ojos,
vivimos con las flores pegadas a la piel,
escuchamos los rugidos del mar cada noche 
cuando buscamos respuestas.
Vivimos en la luz de hoy y de ayer.
Pertenecemos a todo, menos al tiempo.

Création inédite de Karina González García

Nostalgie des vagues – Traduction vers le français de Noémie Carré–Poussin

Futur noble et sans visage.
Rafale de vent aphone.
Refuge éternel pour des vagues qui ne finissent pas.
Regard fatigué vers la mer.
Entre ce qui n’est ni né,
ni vécu : nous.
Entre la terre et le ciel : moi.
Je suis cet instant non vécu et attendu.
Moment incertain mais su.
Je suis l’inexpliqué,
le désir d’un avenir sans forme.
Mais au fond, ne l’attendons-nous pas tous ?
Quand nos vagues se fracasseront-elles contre les rochers ?
Quand s’arrêtera notre sentiment incessant d’angoisse et de non-appartenance ?
Nous sommes étrangers à l’existence et au temps :
nous sommes du nord et du sud,
de l’étrange et de l’inhabité.
Nous venons au monde par tous les éléments :
arrivant le soleil dans les yeux,
des fleurs collées à la peau,
écoutant chaque nuit les rugissements de la mer
lorsque nous cherchons des réponses.
Nous vivons dans la lumière d’hier et d’aujourd’hui.
Nous appartenons à tout, sauf au temps.

Yearning for the waves – Traduction vers l’anglais de Cathy Roudier

A future worth living but foreign,
The gusts of wind, powerful but unfathomable,
The unfailing waves, an eternal sanctuary. 
Gazing at the sea, ever so tired.
In between the not-born-yet and the already-dead: us.
In between the earth and the sky: me.
I am this moment in time not yet alive but eager to be.
It is blurry but I know it is there.
There are no words for it,
No shape but I yearn for it.
Is it just me or do you feel that way too?
When will our waves smash against the cliffs? 
When will this relentless uneasiness, this feeling we don't belong come to an end?
We are outside of life, outside of time,
We are from the South and the North.
We come from the strange and the inhabited,
With each element of nature, we are born to the world:
With the sun on our eyes,
And flowers on our skin.
Every night, as we listen to the roar of the sea,
And hope for answers.
The glow of the past and of the present washes over us,
We are a part of everything, 
With the exception of time.

Agata – Poème de Yara Pilartz

Collage original de Lou Gachet, tous droits réservés

Agata
N’a pas peur de moi,
Même quand je la prends dans mes bras,
avec mon plus faux sourire…
Elle s’y blottit,
Pas dupe,
Mais pas d’humeur à chercher autre chose.
Parce que ce qu’il lui faut,
C’est une clé, 
Pour ouvrir la porte du lendemain ;
Un Charon pour conduire la barque de sa nuit.
Car le jour à venir est...
Terrifiant !
À priori.
Agata ne fait pas facilement confiance ;
Elle veut savoir :
Quoi, comment, pourquoi ?
Or, de demain,
Personne ne sait lui dire
Ni quoi ni qu’est-ce…
Alors elle vit constamment dans l’instant,
Pour ne pas admettre que son futur
Est déjà rongé
Par le temps.

 Création inédite de Yara Pilartz

Agata – Traduction vers l’italien de Lucile Charton

Agata
Non ha paura di me,
Anche quando la stringo tra le mie braccia,
col mio sorriso più falso…
Ci si coccola,
Affatto ingannata,
Ma non dell’umore per cercare altro.
Perché quello di cui ha bisogno,
È una chiave,
Per aprire la porta dell’indomani;
Un Caronte per condurre la barca della sua notte.
Perché il giorno che viene è…
Terrificante!
A priori.
Agata non si fida facilmente;
Vuole sapere:
Cosa, come, perché?
Ma, di domani,
Nessuno le sa dire
Né cosa né quale…
Allora vive costantemente nell’istante,
Per non ammettere che il suo futuro
È già rosicchiato
Dal tempo.

Agata – Traduction vers l’espagnol d’Andrea Peñuela

Agata 
No tiene miedo de mí
Aun cuando la tomo en mis brazos, 
con mi sonrisa más falsa…
Ella se acurruca, 
No es ingenua,
Pero no está de humor para buscar otra cosa. 
Porque lo que ella necesita,
Es una llave, 
Para abrir la puerta del mañana; 
Un Caronte que conduzca la barca de su noche. 
Porque el día que llega es… 
¡Aterrador!
A primera vista. 
Agata no confía fácilmente, 
Ella quiere saber: 
El qué, el cómo y el porqué. 
No obstante, sobre mañana, 
Nadie sabe decirle 
Ni cómo ni qué…
Por eso, ella vive continuamente en el instante, 
Para no admitir que su futuro 
Ya fue carcomido 
Por el tiempo. 

Agatha – Traduction vers l’anglais de Damien Joron

Agatha
Isn’t afraid of me,
Even when I take her in my arms,
with my brightest, fakest smile…
There she snuggles up
Without illusion,
Yet in no mood for dwelling somewhere else.
Because what she longs for 
Is a key
To open the morrow’s door;
Some Charon driving her across the night.
For the day to come is…
Dreadful!
At first sight. 
Agatha tends not to give trust;
She wants to know:
What? How? Why?
But from tomorrow 
No one tells her
What to hope, fear or expect…
Thus she continuously lives in the moment,
So she doesn’t admit her future
Has been eroded
By time.

Lettre à l’Humanité – Poème de Louis Viallet

Illustration originale de Lorenzo Nironi – Tous droits réservés

Toi, dont chacun de nous n'est qu'un détail
Toi, pour qui nous sommes la pire médaille
Chacun de nous, chaque jour te détruit
À toi, que nous faisons souffrir sans aucun bruit

Si chaque soir le soleil est rouge
Le liquide pourpre qui coule en nous
S'y reflète depuis l'invention du vouge
Qu'il soit d'un innocent ou bien d'un fou

À toi, qui subit tant de souffrances
À toi, à qui tous les cris d'alarme
Ont toujours été réduits au silence
Par le moyen du sang et des larmes

Qui te tendra la main pour t'aider?
Qui parmi nous saura te relever?
Pour tous ceux qui défendent la Liberté
J'écris cette lettre à l'Humanité

Création originale de Louis Viallet

Lettera all’Umanità – Traduction vers l’italien d’Erika Neav

Tu, di cui ognuno di noi è soltanto un dettaglio
Tu, per chi la peggior medaglia siamo
Ognuno di noi, ogni giorno ti distrugge
A te, che facciamo soffrire senz’alcun rumore

Se il sole è rosso ogni sera
Il liquido porpora che dentro di noi scorre
Ci si riflette dall’invenzione dell’alabarda
Che sia di un innocente oppure di un folle

A te, che subisce tante sofferenze
A te, di chi tutte le grida di allarme
Sono sempre state messe al tacere
Attraverso sangue e lacrime

Chi tenderà la mano per aiutarti?
Chi tra di noi saprà rialzarti?
Per tutti quelli che difendono la Libertà
Io scrivo questa lettera all’Umanità

Carta a la humanidad – Traduction vers l’espagnol de Javier Herrero González

Tú, para quien solo somos detalles
Tú, para quien somos el peor premio
Cada día todos te destruimos
A ti, que todo sufres en silencio

Si cada noche el sol se vuelve rojo
El líquido púrpura en nuestro interior
Se refleja desde el primer conflicto
Ya sea de un inocente o de un loco

A ti, que aguantas tanto sufrimiento
A ti, que todos tus gritos de alarma
Han sido siempre reducidos al silencio
Por medio de la sangre y la tristeza

¿Quién dará su mano para ayudarte?
¿Quién de nosotros sabrá levantarte?
Por los que defienden la Libertad
Escribo esta carta a la Humanidad.

Letter to Humanity – Traduction vers l’anglais de Célia Merchadou

You, whom each of us is close to nothing
You, to whom we are a most shameful thing
Each day, our assaults run you to the ground
To you, the one we hurt without a sound

If every night the sun is painted red
The crimson liquid flowing in our head
Reflects in it since the dawn of violence
Seeping from foolishness or innocence

To you, the victim of so much torment
To you, whose every single warning
Has always been forced to stay silent
Rendered mute through bloodshed and weeping

Who will hold out their hand to support you?
Who’ll know, amongst us, how to revive you?
To every protector of Liberty
I write this letter to Humanity.

Correspondance à contretemps – Texte de Virginie Mattafiri

Collage original de Lou Gachet, tous droits réservés

Mon rayon de soleil,

Nous ne nous connaissons pas encore et tu as une place déjà si importante dans ma vie. Tu me redonnes espoir, l’envie de me battre. La vie est un cadeau. Ce cadeau a été donné à ma fille et tu es là dans son ventre à grandir.

Je t’écris pour donner un sens, à ce qui se passe, à ce que je vis. Laisser une trace, occuper mes pensées et me focaliser sur ce bonheur que sera ton arrivée.

Je vais essayer de te proposer un tableau réaliste de la vie avec ses beaux côtés comme les pires. Tu arrives dans un monde bousculé, dans une famille bouleversée. Une entité microscopique est venue chambouler le cours de nos existences. Je suis diminuée, amputée de ma moitié, à bout de souffle. Un virus inconnu s’en est pris aux plus faibles. Nous ne pensions pas en faire partie et pourtant… Ton grand-père n’a pas pu lutter et moi je m’accroche. Paradoxalement tes parents t’ont créée au milieu de ce chaos. Et tu seras la plus belle chose qui puisse en ressortir.


Mon ange,

Tu vas grandir et je n’arrive plus à imaginer ma présence auprès de toi. Tes premiers mots, tes premiers pas, la découverte de la mer, de la neige. L’exploration du monde qui t’entoure et de toutes ses beautés. Je te devine curieuse, aventureuse, rêveuse aussi. Sache que dans la vie rien n’est impossible. Les orages de la vie ne sont que des étapes vers l’éclaircie. Utilise les obstacles pour t’élever encore et toujours.

À me relire, cela ne me ressemble pas de prêcher des concepts si abstraits, tel un grand sage. Et pourtant que pourrais-je te transmettre d’autre, sur ce lit, agonisante, où mes respirations sont de plus en plus courtes.


Ma merveille,

Je sens que je ne pourrai guère t’en dire plus, mon temps semble compté. Je ne lutte plus, je veux juste rejoindre mon amour et te laisser la place. La place pour créer un monde moins invraisemblable, plus vrai. Je ne m’attends pas à ce que tu te sentes investie d’une quelconque mission. C’est juste du bon sens. Trouve ta voie. Construis ton nid, ton chemin semé de petits bonheurs quotidiens. Finalement, ce sont ces petits riens qui apportent le plus.

Je ne te connais pas et pourtant je t’aime. Cet amour m’apaise.
Bienvenue dans la vie ma chérie.

Ta tendre grand-mère


Chère grand-mère adorée,

Je ne t’ai jamais vue et pourtant je te connais.

Tu as toujours vécu avec moi, avec nous. Tu m’as accompagnée dans mes apprentissages, à chaque étape. Maman t’a toujours fait vivre. Tu nous entoures grâce aux photos, aux objets, aux anecdotes, aux souvenirs. Je n’ai eu tes lettres que récemment. Maman attendait que je sois prête. Elle a bien fait. Passées la surprise, la colère, le sentiment d’injustice, je suis allégée. Je te réponds, ne sachant pas si ces mots te parviendront.

Nous avons appris à vivre avec cette maladie. Certains y succombent encore mais moins que pour d’autres causes. Ce drame est omniprésent pour les anciens, mais pour moi qui suis née avec, ce n’est ni plus ni moins qu’un risque parmi d’autres.

Sans avoir eu connaissance de tes conseils, je les applique déjà. Je suis d’un naturel joyeux et optimiste. J’observe, j’écoute, je m’imprègne de ce qui m’entoure. Je trace mon chemin, tournée vers les autres tout en accordant une importance à mon propre bien-être.

Je vis un peu avec toi. Je viens d’emménager dans mon premier appartement. Ma vaisselle t’appartenait, certains meubles également. J’aime te sentir auprès de moi, dans cette atmosphère dégagée par tes anciennes possessions.

Ne t’inquiète pas mamie, le cadeau qu’est la vie m’a gâtée. Je compte bien en tirer parti. Tu peux désormais être rassurée.

Avec tout mon amour,

Ta petite fille chérie

Création inédite de Virginie Mattafiri

Corrispondenza a contrattempo – Traduction vers l’italien de Erika Neav, Martina Zizzari et Lucile Charton

Mio raggio di sole,

Non ci conosciamo ancora e sei già parte integrante della mia vita. Mi dai speranza, la volontà di combattere. La vita è un dono. Questo dono è stato regalato a mia figlia e sei lì nel suo grembo a crescere.

Ti scrivo per dare un senso, a quello che sta succedendo, a quello che sto vivendo. Lasciare una traccia, occupare i miei pensieri e concentrarmi su quella felicità che sarà la tua nascita.

Cercherò di farti una rappresentazione realistica della vita nei suoi belli ma anche peggiori aspetti. Arrivi in un mondo sconvolto, in una famiglia scombussolata. Un’entità microscopica è venuta mettere sottosopra il corso delle nostre esistenze. Sono indebolita, amputata della mia metà, senza fiato. Un virus sconosciuto se l’è presa coi più deboli. Non pensavamo di esserne parte eppure… Tuo nonno non ha potuto lottare e io resisto. Paradossalmente i tuoi genitori ti hanno creata in mezzo a questo caos. E tu sarai la cosa più bella che possa risultarne.


Angelo mio,

Crescerai e non riesco più ad immaginarmi accanto a te. Le tue prime parole, i tuoi primi passi, la scoperta del mare, della neve. L’esplorazione del mondo che ti circonda e di tutte le sue bellezze. Ti immagino curiosa, avventurosa e sognatrice. Sappi che nella vita nulla è impossibile. Le tempeste della vita sono solo passi verso la luce. Sfrutta gli ostacoli per crescere ancora e ancora.

Rileggendomi, non è da me predicare concetti così astratti, come farebbe un grande saggio. Eppure cos’altro potrei trasmetterti, da questo letto, morente e con sempre meno respiro.


Meraviglia mia,

Sento di non riuscire a dirti altro, il mio tempo sembra scadere. Non lotto più, voglio soltanto unirmi all’amore mio e lasciarti spazio. Spazio per creare un mondo meno inverosimile, più reale. Non mi aspetto che tu senta di avere una missione. È solo buon senso. Trova la tua strada. Costruisci il tuo nido, il tuo percorso di piccole gioie quotidiane. Alla fine, sono quelle piccole cose che ti porteranno in alto.

Non ti conosco eppure ti amo. Questo amore mi tranquillizza.
Benvenuta al mondo, piccola mia.

La tua amata nonna


Carissima e adorata nonna,

Non ti ho mai vista eppure ti conosco.

Hai sempre vissuto con me, con noi. Mi hai accompagnata nei miei apprendimenti, ad ogni tappa. Mamma ha sempre tenuto vivo il tuo ricordo. Ci circondi grazie alle foto, agli oggetti, alle storielle, ai ricordi. Ho saputo delle tue lettere solo poco tempo fa. Mamma aspettava che io fossi pronta. Ha fatto bene. Una volta passate la sorpresa, la rabbia, l’ingiustizia, mi sento alleggerita. Ti rispondo, anche se non so se queste mie parole ti perverranno.

Abbiamo imparato a vivere con questa malattia. Alcuni ne muoiono ancora però meno che per altre cause. Questo dramma è onnipresente per gli anziani, ma per me che sono nata con esso, è soltanto un altro dei tanti rischi.

Senza essere stata a conoscenza dei tuoi consigli, li metto già in pratica. Sono di natura gioiosa e ottimista. Osservo, ascolto, mi nutrisco di quello che mi circonda. Seguo la mia strada, orientata verso gli altri ma anche attenta al mio benessere.

Vivo un po’ con te. Mi sono trasferita nel mio primo appartamento. Le mie stoviglie erano tue, anche alcuni mobili. Mi piace sentirti vicino a me, in questa atmosfera creata da ciò che era tuo.

Non ti preoccupare nonna, il gran dono che è la vita mi ha già dato tanto. E intendo approfittarne. Puoi stare tranquilla ormai.

Con tutto il mio amore,

La tua cara nipotina

Correspondencia a contratiempo – Traduction vers l’espagnol de Laura Ballanger

Mi solecito,

Todavía no nos conocemos y ya tienes un lugar tan importante en mi vida. De nuevo me das esperanza, ganas de luchar. La vida es un regalo. Este regalo ha sido dado a mi hija y ahí estás tú creciendo en su vientre.

Te escribo para dar sentido, a lo que está pasando, a lo que estoy viviendo. Dejar una huella, ocupar mis pensamientos y centrarme en esa felicidad que va a ser tu llegada.

Voy a intentar proponerte una imagen realista de la vida tanto con los lados buenos como con los peores. Llegas a un mundo agitado, a una familia conmocionada. Una entidad microscópica ha venido a alterar el curso de nuestras existencias. Estoy debilitada, amputada de mi otra mitad, sin aliento. Un virus desconocido ha arremetido contra los más frágiles. No pensábamos formar parte de ellos, ¡nada de eso!… Tu abuelo no pudo luchar y yo aguanto. Paradójicamente, tus padres te crearon en medio de este caos. Y serás la cosa más hermosa que pueda revelar eso.


Mi angel,

Vas a crecer y ya no puedo imaginar mi presencia a tu lado. Tus primeras palabras, tus primeros pasos, el descubrimiento del mar, de la nieve. La exploración del mundo que te rodea y de todas sus bellezas. Te imagino curiosa, arriesgada, también soñadora. Sabe que en la vida nada es imposible. Las tormentas de la vida solo son etapas hacia el claro. Utiliza los obstáculos para elevarte una vez y siempre.

Al releer, no es propio de mí predicar conceptos tan abstractos, como un gran sabio. Sin embargo, ¿qué más podría transmitirte, agonizante en esta cama, donde mis respiraciones se hacen más y más cortas?


Mi maravilla,

Siento que no podré decirte mucho más, parece que tengo el tiempo contado. Ya no lucho, solo quiero reunirme con mi amor y dejarte el lugar. Lugar para crear un mundo menos inverosímil, más auténtico. No espero que te comprometas con una misión, cualquiera que sea. Solo es sentido común. Encuentra tu vía. Construye tu nido, tu camino sembrado de pequeñas alegrías cotidianas. Al final, son esas pequeñas minucias las que aportan más.

No te conozco pero te amo. Este amor me tranquiliza.
Bienvenida en la vida, cariño. 

Tu tierna abuela


Querida y amada abuela,

Nunca te vi pero te conozco.

Siempre has vivido conmigo, con nosotros. Me acompañaste en mis aprendizajes, en cada etapa. Mamá siempre te ha mantenido viva. Nos rodeas gracias a las fotos, a los objetos, a las anécdotas, a los recuerdos. Recibí tus cartas hace poco. Mamá esperaba que estuviera lista. Hizo bien. Pasados la sorpresa, la cólera, el sentimiento de injusticia, estoy aliviada. Te respondo, sin saber si estas palabras te llegarán.

Aprendimos a vivir con esa enfermedad. Algunos siguen sucumbiendo, pero menos que ante otras causas. Este drama es omnipresente para los ancianos, pero para mí, que nací con él, es ni más ni menos que un riesgo entre otros.

Sin haber conocido tus consejos, ya los aplico. Soy alegre y optimista por naturaleza. Observo, escucho, me impregno de lo que me rodea. Me abro camino, dirigida hacia los otros mientras doy importancia a mi propio bienestar.

Vivo un poco contigo. Acabo de mudarme a mi primer piso. Mi vajilla te pertenecía, así como algunos muebles. Me gusta sentirte a mi lado, en esta atmósfera generada por tus antiguas posesiones.

No te preocupes, abuela, el regalo que es la vida me ha mimado. Tengo bien planeado sacar partido de ello. Ahora puedes estar tranquila.

Con todo mi amor,

Tu querida nieta

Belated Letters – Traduction vers l’anglais de Selma Becevic

My ray of sunshine,

We don’t know each other yet and you already hold such an important place in my life. You bring me back hope and the will to keep fighting. Life is a gift. That gift was given to my daughter and there you are, growing inside her womb.

I am writing to you to try and give meaning to what is happening, of what I am going through. To leave my own mark, occupy my mind and focus on the joy that you will bring when you arrive.

I am going to try and paint a realistic picture of life with the bright sides and the worst ones. You’re coming into a disrupted world, into a devastated family. A microscopic organism has turned our lives upside down. I am diminished, teared away from my other half, exhausted. An unknown virus has attacked the weakest people. We wouldn’t think we would be part of them, and yet… Your grandfather couldn’t fight against it, and as for me, I am hanging in there. Paradoxically, your parents created you amidst of this chaos. And you will be the most beautiful thing that will come out of it.


My angel,

You are going to grow up and I can’t bring myself to imagine being by your side. Your first words, your first steps, the first time you saw the sea, and the snow. The discovery of the world around you and all of its beauties. I picture you curious, adventurous, and dreamy as well. Just know that nothing is impossible in life. The storms of life are nothing but steps towards brighter days. Use obstacles to always become a better version of yourself.

Upon reading over this letter, I think it is not like me to preach such abstract concepts, like a wise man. And yet, what else could I pass down to you, agonising on this bed, where my breath is getting shorter and shorter.


My wonder,
I feel like I won’t be able to tell you more, as I’m running out of time. I am no longer fighting; I just want to join my love and make way for you. Take the helm to create a world a little less inconceivable, more real. I don’t expect you to feel like you have a certain mission to accomplish. This is just common sense. Find your way. Build your nest, make your own way filled with daily little pieces of happiness. In the end, it’s the little things that make the difference.

I don’t know you, yet I love you. This love soothes me.
Welcome to life sweetheart.

Your loving grandmother


Dearly beloved grandmother,

I have never seen you, yet I know you.

You have always been living with me, with us. You were there through my lessons of life, in every step of the way. Mom has always kept your memory alive. You are everywhere, through the pictures, the objects, the anecdotes, the memories. I have only just gotten your letters. Mom was waiting for me to be ready. She did the right thing. After the surprise, the anger, the unfairness, I am now relieved. I write back to you, not knowing if my words will get to you.

We have learned to live with this disease. Some are still succumbing to it, but less than for other causes. This disaster is omnipresent among the elders, but as I was born when it happened, it is just another risk among others.

Without even knowing your pieces of advice, I am already following them. I am naturally cheerful and optimistic. I observe, I listen, I immerse myself in my surroundings. I am making my own way; I am opened to others while still putting myself first.

In a way, I live with you. I just got in my first apartment. The dishes were yours, just like some of my furniture. I like to feel your presence near me, in the atmosphere coming from your past possessions.

Don’t worry grandma, I have been spoiled by the gift that is life. I really intend to enjoy it. Rest assured now.

With all my love

Your loving granddaughter

Souffle – Poème de Mathilde Rata

Collage original de Lou Gachet, tous droits réservés

Respire. 
Trop vite… Tu vas trop vite. Tu fonces, sans t’arrêter, sans réfléchir. 

Attends.
Rien ne te presse. Tu n’es pas en retard. Seul le rythme que tu donnes à tes pas te guide. 

Réfléchis. 
Qu’est ce qui est important ? 
Qui veux-tu devenir ? 
Quelle route traces-tu  ? 

Écoute.
Les obstacles surgissent sur ton chemin. Virages abrupts. Et où trouver des indications ? Un long chemin tortueux qu’est le tien.

Observe. 
La route des autres, la direction de leur pas ne viennent pas entraver ta marche. Le leur n’est pas ton périple. 

Dis. 
Ta voix jaillit pour éclairer le monde. Ta parole compte. Tu peux briller librement.

Création inédite de Mathilde Rata

Soffiare – Traduction vers l’italien de Martina Zizzari

Respira. 
Troppo veloce… Vai troppo veloce. Ti precipiti, senza fermarti, senza riflettere. 

Aspetta.
Non c’è fretta. Non sei in ritardo. È soltanto il ritmo che decidi di dare ai tuoi passi a guidarti. 

Rifletti. 
Cos’è importante? 
Chi vuoi diventare? 
Che percorso segui? 

Ascolta.
Incontrerai degli ostacoli sul tuo cammino. Curve brusche. E dove trovare delle indicazioni? Un lungo cammino tortuoso è il tuo. 

Osserva. 
Il percorso degli altri, la direzione dei loro passi non ostacoleranno il tuo cammino. Il loro viaggio non è anche tuo. 

Parla. 
La tua voce erompe per illuminare il mondo. La tua parola conta. Puoi brillare liberamente. 

Aliento – Traduction vers l’espagnol de Laura Ballanger

Respira. 
Demasiado rápido… Que vas demasiado rápido. Te precipitas, sin parar, sin pensar.

Espera. 
Nada te apresura. No llegas tarde. Sólo te guía el ritmo que le das a tus pasos.

Piensa. 
¿Qué es lo importante? 
¿Quién quieres ser? 
¿Qué ruta trazas?

Escucha. 
Los obstáculos surgen en tu camino. Giros abruptos. Y ¿dónde encontrar indicaciones? Un largo y tortuoso camino que es el tuyo. 

Observa. 
La ruta de los otros, la dirección de sus pasos no va dificultando tu marcha. Su periplo no es tuyo.

Di. 
Tu voz se eleva para iluminar el mundo. Tu palabra cuenta. Puedes brillar libremente.

Inspire – Traduction vers l’anglais de Hellali Pénanguer

Breathe.
Too fast… You’re going too fast.
You rush in, non-stop, non-thought.

Wait.
There’s no rush. You aren’t late. Your only guide is the pace you give your own steps.

Think.
What matters?
Who do you want to become?
Which path are you tracing?

Listen.
Obstacles get in your way. Sharp turns. And where to look for directions? A path as long and tortuous as yours.

Watch.
The others’ paths, the one they walk, doesn’t hinder yours. Theirs isn’t your journey.

Speak.
Your voice soars to enlighten the world. Your words matter. You can shine freely.